Rencontre avec le street artist Soklak

soklak

Nous vous proposons aujourd’hui une interview avec le street artist Soklak.

Peintre, graffeur et rappeur, Soklak, touche-à-tout de la culture hip-hop, a ouvert les portes de son atelier de Montreuil à Monsieur Peinture. Une interview rare dans l’antre de l’artiste pour évoquer ses thématiques picturales (accumulation, calligraphie, cubisme) et ses textes cinglants.

SOKLAK, qui es-tu ? Un rappeur qui fait du graff ou l’inverse ?

C’est par le graff que je suis arrivé au hip-hop. J’ai d’abord fait du tag et progressivement, je me suis mis à fréquenter des personnes qui faisaient de la musique. De fil en aiguille, je m’y suis essayé en faisant des « faces B » et je me suis pris au jeu. Je me suis concentré un temps sur la musique, mais sans jamais arrêter de peindre. Donc j’ai d’abord été graffeur, puis rappeur et maintenant, je suis un peintre… Tout court.

Graffuturism, Photo Soklak
Graffuturism, Photo Soklak

Comment définis-tu ton style pictural ?

C’est compliqué parce que j’ai plusieurs kiffs dans la peinture : les accumulations établies sur la couleur et les mots entremêlés, la calligraphie monochrome, le graff cubiste dans lequel je m’inspire des peintres cubistes en superposant les mots pour composer une œuvre abstraite.

Faire du graff conventionnel, ça me soule, je demande de garder une respiration en alternant les styles. J’ai du mal à me concentrer sur un seul style, mais d’une certaine façon ça me protège. Picasso disait « se copier soi-même est plus dangereux que de copier les autres… c’est stérile ». J’essaye de toujours explorer de nouvelles disciplines. J’ai essayé la sculpture cet été et je fais aussi de la photo. J’aime beaucoup le côté pluridisciplinaire.

Accumulation, Photo Soklak
Accumulation, Photo Soklak

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la peinture, et notamment des fresques murales ?

J’ai eu un choc esthétique quand j’avais 8-9 ans, au métro Lamarck-Caulaincourt. Avec mon père, on avait pris un escalier en colimaçon, parce que l’ascenseur était en panne. C’était saturé de tags et de couleurs. Je me suis mis à faire attention à tous les tags, à essayer de comprendre les logiques. Le bouquin Paris Tonkar est devenu ma bible. Ça ne m’a jamais quitté, j’ai toujours voulu faire ça sans savoir où cela me mènerait. Je n’aurais pas cru que je pourrais en vivre un jour, ni que je ferais des fresques chez les gens… C’est une super reconnaissance, un petit coup de chance de la vie.

Tes textes sont noirs, graves dans le fond et comme les dialogues d’Audiard dans la forme, alors que tes toiles sont très colorées, pourquoi cette différence ? 

Dans la musique, je mets un petit (sic) côté revendicatif. La peinture, c’est l’univers de la couleur, de la forme, de la dynamique, du mouvement. Ce que je ne peux pas exprimer en musique, je l’exprime en peinture. Dans mes textes, j’exprime ce que je pense du monde ; un monde sombre qui court à sa perte. La couleur est un exutoire.

Réalisation en cours chez un particulier, Photo Soklak
Réalisation en cours chez un particulier, Photo Soklak

Tu t’exprimes encore dans la rue ?

Oui, c’est de là que je viens. J’aime ne pas être borné par une taille de toile. J’adore être sur le terrain, seul face au mur. Mais avant je graffais directement sur le tag du dessous, maintenant j’ai toujours mon rouleau et mon pot de peinture et je fais un aplat pour faciliter la composition et avoir un fond de couleur.

Un petit mot pour Monsieur Peinture ?

C’est un super concept de proposer aux gens d’aller au-delà de la couleur unie. Foncez.

L’atelier de Soklak, Photo Monsieur Peinture
L’atelier de Soklak, Photo Monsieur Peinture
L’atelier de Soklak, Photo Monsieur Peinture
L’atelier de Soklak, Photo Monsieur Peinture

En savoir plus sur la fresque murale :

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